Depuis dix ans, les entreprises ont digitalisé leurs dispositifs de formation à marche forcée. Plateformes LMS, catalogues, MOOC, microlearning, classes virtuelles : tout semblait devoir passer à l’écran. Et pourtant, un constat revient, discret mais massif : l’attention des apprenants s’effrite.
“Nous avons créé des autoroutes de contenus, mais peu de chemins d’apprentissage”, m’a confié récemment une directrice d’université d’entreprise.
C’est peut-être là le cœur du problème : le digital learning s’est d’abord pensé comme une technologie de diffusion, avant d’être une culture de transmission. On a produit des modules, souvent très bien faits, mais rarement vécus. Ce n’est pas la faute des outils. C’est une question de posture.
Aujourd’hui, les directions de formation les plus lucides ne se demandent plus “quelle plateforme choisir ?”, mais “comment réapprendre à créer de la présence dans le digital ?”
Voici donc des éléments de réflexion que je complète en 2ème partie, par l’explication du rôle de l’audio learning dans une stratégie de digital learning.
1. Une stratégie de digital learning, ce n’est pas une addition de formats
Une stratégie de digital learning ne consiste pas à empiler des contenus ou à multiplier les innovations technologiques. Elle vise à articuler des usages autour de moments d’apprentissage cohérents.
- L’accessibilité, parce qu’un dispositif n’a d’impact que s’il rejoint l’apprenant là où il est, dans son quotidien.
- L’appropriation, car apprendre, c’est traduire le savoir dans la langue du métier.
- L’engagement, parce que sans émotion, il n’y a pas de rétention.
- La mémorisation, enfin, qui suppose un travail dans la durée et qu’au fond,
Les dispositifs qui durent sont ceux qui résonnent avec les moments de vie de leurs apprenants : une préparation à un changement, une situation managériale concrète, une transformation culturelle.
“On n’apprend pas en cliquant, on apprend en comprenant pourquoi on clique”, disait déjà Philippe Carré dans L’apprenance.
Or, trop souvent, les universités d’entreprise ont confondu digitalisation et industrialisation. Résultat : une inflation de contenus, des parcours éclatés, et une sensation de saturation.
Le digital learning, au lieu de libérer l’apprenant, a parfois figé la formation dans le geste technique : consommer un module plutôt que s’approprier une idée.
2. L’audio-learning : un format d’extension, pas de substitution
Face à cette fatigue du tout-écran, l’audio revient comme une respiration. Pas comme une mode, mais comme une extension naturelle de l’apprentissage.
Ce qui distingue l’audio, c’est son intimité. On ne regarde pas un podcast : on l’écoute. Il s’adresse à chacun, directement, sans médiation visuelle, sans contrainte d’écran.
“La voix a ce pouvoir étrange de nous faire croire qu’on nous parle à nous seuls”, écrivait Roland Barthes. L’audio-learning, c’est précisément cela : une relation singulière dans un dispositif collectif.
- Avant : pour susciter l’envie, poser le cadre, donner du sens à une démarche.
- Pendant : pour incarner, illustrer, faire entendre des témoignages, des débats, des contrepoints. Ouvrir des discussion par l’écoute collective de fiction réaliste ou décalée
- Après : pour prolonger la réflexion, nourrir la culture, entretenir la mémoire.
Autrement dit, le podcast ne remplace pas le module e-learning ni la vidéo tutorielle. Il complète et humanise. Là où l’écran explique, la voix relie.
C’est aussi un format de mobilité et de liberté. On peut l’écouter en déplacement, en marchant, en conduisant. Il accompagne l’apprentissage, au lieu de le contraindre.
Mais attention : il n’est pas universel.
L’audio n’est pas fait pour tout enseigner. Il excelle dans le récit, la transposition, l’illustration, l’inspiration, la culture, la transmission d’expérience. Il est moins efficace dans les apprentissages procéduraux ou techniques quoique nous ayons formé des back office de banque à des procédures de saisie avec des résultats inégalés selon eux.
Mais C’est un format d’incarnation, un format expérientiel.
L’audio Learning murmure à l’oreille des apprenants
3. Pourquoi la voix réenchante la formation
Ce qui manque souvent au digital learning, ce n’est pas le contenu, mais par essence même, la présence.
La présence d’un formateur, d’un pair, d’un regard, d’une voix.
La voix est le vecteur de l’attention émotionnelle. Elle porte la nuance, la conviction, le doute. Elle dit ce que les slides taisent : la part humaine du savoir.
C’est pour cela que le podcast fonctionne si bien sur des sujets sensibles : management, inclusion, comportements, sécurité, éthique.
Parce qu’il permet d’en parler autrement, avec le ton juste.
“Dans la voix, il y a ce que les mots ne disent pas”, m’a dit un directeur de formation d’un grand groupe industriel.
L’audio donne à entendre des situations réelles, des expériences vécues, des dialogues. Il crée une forme d’apprentissage par immersion émotionnelle.
Et c’est ce qui favorise la rétention. On se souvient mieux de ce qui nous a touchés que de ce qu’on nous a montré.
4. Trois leviers audio pour une stratégie cohérente
Chez Tootak, nous avons accompagné depuis plusieurs années des entreprises de tailles et de cultures très différentes.
Ce que nous avons appris, c’est que le podcast n’est pas une solution en soi, mais un levier dans un ensemble.
Nous avons structuré notre approche autour de trois niveaux complémentaires : Emotion, Academy et Premium.
Emotion : transformer le contenu existant
Avec Tootak Emotion, nous aidons les organisations à donner une seconde vie à leurs contenus.
Un PowerPoint, une conférence filmée, un rapport interne, une vidéo — tout peut devenir une histoire audio.
En 48 heures, ces supports se transforment en podcasts immersifs, multilingues, accessibles sur tous les canaux.
C’est un levier d’efficacité : réutiliser ce qui existe, le rendre vivant, le diffuser autrement.
Là où le LMS accumule, l’audio respire.
Academy : organiser et donner du sens
L’Academy, c’est la structure.
C’est une bibliothèque audio vivante où les séries sont classées, scénarisées, rattachées à des objectifs pédagogiques.
Elle permet aux entreprises de créer leur propre espace de culture audio, articulé à leurs priorités de formation : leadership, transformation, inclusion, innovation.
Une Academy bien pensée devient le point de convergence entre l’e-learning, le podcast et la communication interne.
Elle incarne une culture d’entreprise apprenante — au sens noble.
90% des podcasts learning d’Academie sont des podcasts premium, 10% sont maintenant produit avec notre IA
Premium : incarner et inspirer
Le niveau Premium, c’est celui du sur-mesure : séries documentaires, fictions pédagogiques, témoignages croisés.
Ces formats incarnent la culture de l’entreprise, la rendent sensible, inspirante.
Ils permettent de parler de sujets complexes — conduite du changement, posture managériale, enjeux géopolitiques — avec émotion et nuance.
Là encore, il ne s’agit pas de produire pour produire, mais de créer des repères, des récits, des voix qui restent.
5. De la logique de contenus à la logique d’attention
Une stratégie audio-learning réussie ne repose pas sur la quantité, mais sur la qualité de l’attention qu’elle génère.
Nous ne manquons plus de contenus. Nous manquons de temps mental disponible pour apprendre.
C’est pourquoi l’audio joue un rôle clé : il redonne du temps à la formation. Il s’insère dans la vie, au lieu d’en exiger une pause. Il transforme la formation en compagnon de trajet, en conversation continue.
Dans un monde saturé d’images et de sollicitations, apprendre par la voix, c’est une manière de retrouver la lenteur et la profondeur. “L’attention n’est pas une ressource rare, c’est une ressource mal orientée”, disait le philosophe Yves Citton.
L’audio aide à la réorienter vers l’essentiel : la relation, la compréhension, l’émotion.
6. Pour les universités d’entreprise : du dispositif à la culture
Pour un directeur d’université d’entreprise, l’audio-learning n’est pas un gadget. C’est un outil stratégique de cohérence et de rayonnement.
- Donner une voix commune à des programmes multiples.
- Mettre en récit la transformation et en partager le sens.
- Créer des formats courts, récurrents, qui maintiennent le lien entre les temps forts de formation.
- Diffuser une culture d’entreprise à l’échelle internationale, dans plusieurs langues, avec un ton unifié.
Autrement dit, il fait passer la formation d’un modèle de dispositif à un modèle de culture.
Et c’est précisément ce dont les universités d’entreprise ont besoin aujourd’hui : faire exister la formation au-delà de la salle et du module.
7. En conclusion : de la plateforme à la présence
Le digital learning a permis d’élargir la formation. L’audio-learning permet maintenant de l’incarner.
On ne forme pas seulement pour transmettre des compétences, mais pour créer de la culture partagée. Et la culture, par essence, passe par la voix.
Redonner une voix au digital learning, c’est redonner à la formation ce qu’elle avait perdu : la proximité, la chaleur, la mémoire.
“Former, c’est mettre de l’humanité dans la compétence”, disait joliment un directeur L&D que j’accompagnais récemment.
Et peut-être qu’au fond, c’est tout ce que l’audio permet : faire entendre à nouveau l’humain derrière le digital.
